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sauver tous ces grands cœurs blessés, Madame Précourt…, les bénir, si la main se montre plus prompte, hélas ! que l’esprit ! « Oh ! Madame, Madame, prions, prions ! » s’écria-t-il en joignant les mains, une fois ses confidences terminées.

Il avait ajouté, cependant, qu’il venait de terminer, la veille au soir, une longue lettre adressée au gouverneur, lord Gosford. Il l’avertissait du « pas immense que faisait l’opinion publique depuis l’assemblée de dimanche » ; il déclarait que « le mouvement devenait tel que, pour sa part, il doutait beaucoup que ceux qui l’avaient excité pussent l’arrêter, quand ils en eussent la volonté ».

L’aïeule l’écoutait avec attention. Elle approuvait, elle partageait tout à fait sa façon de voir, de comprendre, de sentir. Les événements semblaient si bien, d’ailleurs, répondre aux prédictions de ce prêtre du bon Dieu.

Olivier était absent de la maison durant cette visite. Mais la grand’mère se promit que son petit-fils entendrait tous ces propos si justes, si sensés du curé de Saint-Charles, elle en chercherait et en trouverait l’occasion.

Michel entra à temps, cependant, suivi bientôt par Josephte pour recevoir près du fauteuil de l’aïeule inclinée la bénédiction de l’homme de Dieu, de celui qui savait si bien souffrir, trembler, craindre, et jamais désespérer, avec chacun de ses paroissiens ou des amis de son grand cœur.