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— Je ne te regarderai pas. Hâte-toi ! J’ai besoin de prendre connaissance au plus tôt de la lettre de ma fiancée. Tu devrais le comprendre.

— Eh bien, M. Olivier, ma visite terminée et tandis que je descendais avec précaution le long des gouttières, la lettre est tombée de ma poche. Et comme je me baissais pour la reprendre, une fois rendu sur le trottoir, quelqu’un s’est précipité vers moi, la canne levée, pour me l’enlever…

— M. Perrault, hein ? Le père de ma fiancée ? Dis-le, dis-le, Michel !

— Oui, monsieur Olivier. Je ne sais d’où il sortait. J’avais regardé dans la rue, vous le pensez bien, avant de prendre les gouttières…

— Et alors ?

— Eh bien ! j’ai reçu… plusieurs coups de canne, mais je n’ai pas crié et je n’ai pas non plus desserré les mains. Bientôt, un monsieur est accouru vers nous et la princesse a ouvert sa fenêtre et eut un cri d’effroi. Alors, j’ai pris ma chance : j’ai détalé à toutes jambes. Rendu dans ma chambre, j’ai essayé de laver les taches de sang sur le papier, mais il y en avait trop… Je n’ai pas réussi… C’est comme pour la clef de Madame Barbe-Bleue… Seulement, moi, je n’avais pas été curieux… La lettre, je ne l’avais pas même dépliée. Vous me croyez, monsieur Olivier, dites-moi que vous me croyez !… Oh ! je vous en prie, levez la tête…