Page:Daveluy - Les petits Patriotes du Richelieu, paru dans Oiseau Bleu, 1937-1938.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

court s’embarquait à bord de la Félicité du Richelieu. Appuyé sur l’un des garde-fous du bateau, il regardait s’éloigner Montréal. Il y laissait beaucoup de son cœur… Comme cela lui avait semblé dur de ne pouvoir causer avec Mathilde la veille au soir. Mais alors qu’il passait devant sa porte, il avait vu le lieutenant Walker entrer dans la maison de sa fiancée en compagnie de M. Perrault, dont la figure rayonnait de satisfaction. Le front d’Olivier s’était couvert de nuages en face de cette rencontre.

Ah ! si Mathilde allait finir par plier devant la dure volonté paternelle… Elle pleurait souvent depuis quelque temps. Elle racontait à Olivier de petites scènes journalières fort pénibles. Elle l’assurait chaque fois non de sa fidélité, cela va de soi, mais de sa détermination à n’épouser que lui, ou… d’entrer au couvent. Olivier lui répliquait alors que la grille de l’Hôtel-Dieu de Montréal ne lui ferait pas peur et qu’il irait la réclamer bien vite si elle donnait suite à ce projet.

« Oh ! je ne serais pas jaloux de Dieu, mon amie, ajoutait-il plus sérieusement, et si je laisse ma peau dans quelque duel ou… combat, — ne peut-on s’attendre à tout en ce moment ? — cela ne me déplairait pas de vous savoir