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— Le moment est merveilleusement choisi ! répliqua avec un reste d’humeur celui-ci.

— Tenez, Précourt, voici un exemplaire du beau document que nous offre le gouverneur, là sur ce mur, où se pressent tous ces gens, s’écria François Tavernier, en intervenant. C’est bien là la fameuse proclamation ! Venez, fendons la foule… Ah ! J’aperçois Pierre Jodoin, de Longueuil. Il prend les choses aussi mal que vous. Le voyez-vous pérorer et gesticuler… Pardon, les amis, cria-t-il tout haut à des voisins, faites-nous place, voulez-vous ? Parbleu, nous voulons lire comme vous la gentille correspondance de notre gouverneur… Bien, bien… Olivier, lisez maintenant.

Le jeune homme dévora le contenu de la proclamation, l’exhortation de lord Gosford au peuple, dans laquelle il ordonnait à tous de s’abstenir à l’avenir de réunions séditieuses et ordonnait aux magistrats et aux officiers de milice de les empêcher.

— À bas la proclamation ! crièrent près d’Olivier plusieurs jeunes gens furieux.

— Il n’y a qu’un moyen, mes amis, de répondre à cette insultante proclamation, leur lança à voix très haute Pierre Jodoin.

— Lequel ? lequel ? demandèrent aussitôt plusieurs voix.