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sible, instruite, charmante. Elle le rendait heureux. Elle s’éteignit, elle aussi, pourtant, très prématurément, en donnant le jour à une petite fille, cette petite Josephte, adorée bientôt de son père, parce qu’elle ressemblait de façon frappante à la maman si tendre, si aimante… jamais oubliée, et toujours pleurée.

Puis, Benjamin Précourt succombait à son tour, à la suite d’un refroidissement. Il avait prié sa mère sur son lit de mort de venir habiter près de ses enfants ; il en avait exigé la promesse solennelle. Puis, il avait béni tous les siens. Un moment, il avait retenu la main de sa fille Marie dans la sienne : « Sois bonne, mon enfant, avait-il dit dans un souffle, ne laisse pas ton orgueil commander à ton cœur… Ce serait pour ton malheur. » Il avait vu alors se courber le front de cette enfant de quinze ans et bientôt des pleurs avaient coulé sur les mains que tenait la jeune fille. « Pauvre enfant ! » avait-il ajouté, en la regardant s’éloigner, un peu honteuse de ses larmes.

Mais ces événements n’avaient maintenant plus de prise sur le caractère altier de la jeune fille. Elle devenait de plus en plus différente de tous les siens. Elle blâmait leur soi-disant rusticité. Devant sa grand’mère, distinguée et d’une gravité aussi perspicace que touchante, la jeune fille mettait une sourdine à ses sarcasmes. Elle se renfermait dans une attitude