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vions rencontrer demain, ne peut nous recevoir, à cause justement du fameux discours qu’il prépare pour cette réunion : pas de chance, depuis mon arrivée à Montréal, avec des rendez-vous promis depuis longtemps…

— Nous vivons en des temps si troublés, mon ami. Il faut s’armer de patience…

— Desrivières, vous avez des mots qui frisent l’ironie… S’armer de patience ! Je vous vois vous défendre, tout comme moi, avec d’autres projectiles.

— Bonsoir, bonsoir, mon vieux Précourt. Vous ne changez pas, vous, au moins. Votre fougue ne se trahit même pas par des mots.

Olivier monta en quelques bonds l’escalier de la pension. Il logeait au premier palier, au bout d’un long corridor, à droite. Il allait mettre la clef dans la serrure, lorsque la porte fut ouverte du dedans par Michel. Le petit garçon s’effaça aussitôt, et alla se mettre près de la fenêtre, la tête basse et tenant entre ses mains, son bonnet de laine bleue.

— Bonsoir, Michel, fit Olivier, en jetant sur un meuble son chapeau, ses gants, sa canne, son manteau.

— Bonsoir, Monsieur, répondit l’enfant à voix basse.

— Mais qu’est-ce qu’il te prend de te tenir ainsi comme un condamné… Suis-je un tyran