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En entrant dans la spacieuse salle à manger de l’hôtel Rasco, Olivier vit tout de suite que son intuition d’amoureux ne l’avait pas trompé. Mathilde et sa sœur s’y trouvaient, à une petite table, à droite, les invitées de M. Debartzch et de ses filles. On l’aperçut tout de suite, et il dut aller saluer. M. Debartzch proposa que l’on se tassât un peu afin de faire place au jeune homme. Mais Olivier refusa absolument. Il voyait tout près, tournant le dos, un ami, Rodolphe Desrivières. Il dînait seul. Il ne serait pas fâché d’avoir un vis-à-vis. Puis Olivier se disait en lui-même, qu’ainsi placé, il aurait Mathilde, sa fiancée, en face de lui, et pourrait suivre chacun de ses jeux de physionomie. La jeune fille se tenait, en ce moment, les yeux baissés, silencieuse, contrôlant mal son émotion. Les événements de l’après-midi étaient encore si frais, et cet anneau d’or, que Mathilde tournait et retournait machinalement à son doigt, en disait long sur les pensées de la jeune fille. Olivier sourit, puis se pencha vers sa sœur. « Marie, dit-il, rends-toi demain après-midi, avec la cousine Mathilde, chez ce bijoutier dont tu m’as parlé. Je satisferai ton caprice, relativement à ce bracelet.

— Tu es charmant, Olivier, fit celle-ci les yeux rayonnants. Nous irons, n’est-ce pas, Mathilde ?