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expérimentait pour la première fois, à la lumière de l’épreuve, cette phrase de toute vie sans égoïsme, de toute personne, qui ayant été jusque là nécessaire à des êtres aimés, se trouve soudain vis-à-vis d’aucune obligation précise envers ses proches, forcée de se replier sur elle-même, inadéquate à cette tâche qui veut, parfois, que « charité bien ordonnée commence par soi-même ».

La vue du petit Pierre, cependant était une douceur pour Perrine. Autour de cette frêle existence que menaceraient bientôt les événements, elle sentait qu’une garde incessante multiple, une vigilance, aussi étroite qu’affectueuse, s’imposeraient. La jeune mère s’aperçut que la présence de son petit Pierre opérait une diversion excellente au chagrin de sa belle-sœur. Elle l’aimait déjà beaucoup cette sage et précieuse Perrine ! Chaque jour, elle venait donc mettre son fils dans les bras tendus de la jeune fille.

Un après-midi, alors que Perrine se croyait seule, n’ayant pas entendu sa belle-sœur pénétrer dans la pièce, elle murmura soudain, en embrassant avec ferveur le petit Pierre :