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Les yeux de Perrine brillèrent. C’était ce qu’elle souhaitait suggérer à la bonne aïeule. Elle s’agenouilla près du lit.

— Que j’aime à vous voir aussi raisonnable, Madame. Le médecin a tant recommandé de ne vous permettre aucun effort superflu.

— Dis-moi, mon enfant. J’ai entendu tout à l’heure la voix d’un soldat. Il parlait, parlait à nos gens de service. Es-tu au courant ? Rien de pénible n’est arrivé, j’espère ?

— Non, non, Madame. Rien de pénible.

— Tant mieux. Ne t’occupe pas de moi, Perrine. Ma potion une fois prise, je vais somnoler un peu durant une heure ou deux.

— C’est cela, madame, je reviendrai auprès de vous, peu après dix heures. Le temps est si beau qu’une petite promenade me plairait.

— Tu as raison, Perrine. Puis, sonde bien l’horizon, et si quelque voile blanche paraît au loin, rends-toi au Fort. On y aura peut-être reçu des nouvelles. Je ne sais pourquoi… il me semble que notre Charlot n’est plus très loin de nous… Ah ! qu’il se hâte, qu’il se hâte, ajoutait-elle tout bas. Quelle faiblesse et quelle paix je ressens !… Les émotions de ce monde ne peuvent plus guère me troubler, je crois que l’on juge de tout avec sérénité quand vient la fin… Mais va donc, Perrine, laisse les volets ouverts, je te prie, » reprit-elle plus haut.