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fermeté elle possédait, cette jeune sœur à la sensibilité frémissante pourtant.

Catherine de Cordé repassait souvent ces pénibles incidents en son esprit, tandis que Perrine, qui la croyait assoupie, pleurait, le front penché sur le vêtement qu’elle cousait.

Car la dévouée petite sœur savait aussi d’autres terribles choses. Elle savait ce que Charlot avait voulu cacher à tous, même à sa vieille protectrice. Cette rage, cette exaspération de tout l’être pourtant généreux de son frère, en face des Iroquois, elle en connaissait la raison principale, celle qui dominait toutes les autres, bien vives pourtant.

Le cœur de Charlot saignait d’une plaie peut-être inguérissable ? Ce cœur, si souvent, pleurait à s’en briser, tout près d’elle, en évoquant le souvenir de la liliale Algonquine, qui avait pris toute son âme un jour, à Ossernenon. Il la revoyait sans cesse mourante, atteinte à sa place d’une balle iroquoise et donnant sa vie pour lui, un sourire d’ineffable tendresse sur les lèvres. Et Perrine, doucement, essayait de réconforter ce cœur endolori que guettait une haine aveugle, sans frein, terrible. Elle lui disait « que toute femme qui aime profondément aurait agi, et avec bonheur, ainsi que l’avait fait sa fleur sauvage… Des holocaustes, des holocaustes, ajoutait-elle toujours alors, avec un regard de prophète attristé, peut-il y avoir autre chose, en ce pays où l’on doit souffrir, à la fois pour la conversion des pauvres infidèles et l’agrandissement de notre France