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Les aventures de Perrine et de Charlot

ne se passe qu’un des membres de la famille Repentigny, ou Le Neuf n’accoure au chevet de Nahakhich. Les douces mains des femmes se chargent de mets légers et réparateurs, de pièces de literie…

Le père de Quen quitte peu, de son côté, le moribond. Trois fois le jour, on le retrouve près de lui, priant et l’instruisant. Ne connaissant que fort peu la langue sauvage, le jésuite se fait accompagner d’un des truchements de Québec, le plus souvent d’Olivier Le Tardif, « M.  Olivier » ainsi qu’on l’appelle ordinairement. Ce jeune commis de la compagnie des Cent-Associés possède une âme d’apôtre, et vient en aide aux missionnaires autant qu’il le peut. Sage et brave, Olivier Le Tardif est, en outre, de tournure fort agréable. De grands yeux gris, une bouche souriante, un teint mat, une taille souple et haute, font la meilleure impression. De même que Jean Nicolet, Olivier Le Tardif est venu jeune dans la Nouvelle-France, vers 1618. Tous deux y furent amenés par Samuel de Champlain qui les tenait en grande estime et affection. Ils assistèrent à la prise de Québec, en 1629, par les Anglais. Ce fut Olivier Le Tardif, qui remit les clefs du magasin de la compagnie des Marchands, entre les mains des frères Kertk. De longs séjours chez les sauvages donnèrent à ces interprètes, avec la connaissance parfaite des idiomes des barbares, l’art de manier ces peuplades avec une dextérité et une sûreté étonnantes.

Un bruit de feuilles sèches remuées avertit le père de Quen de l’approche de visiteurs. Il apparaît à la porte de la cabane de Nahakhich et sourit à la vue des jeunes filles et de Perrine. Puis, se reculant quelque peu, il les invite à pénétrer à l’intérieur. Mais à Julien, toujours chargé