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Les aventures de Perrine et de Charlot

qu’on le suive. On ira s’agenouiller quelques instants dans la chapelle de Notre-Dame-de-Recouvrance…

Là, le Te Deum est entonné par l’abbé de Saint-Sauveur. Sa voix magnifique de baryton s’élève dans un recueillement intense. Mais… que semble-t-il donc à M.  et Mme  de Repentigny ? Cette voix, elle ne leur est pas inconnue ? Marie Favery se penche et bien bas dit à l’oreille de son mari : « Quel bonheur, mon ami, c’est M.  Le Sueur qui chante ! Rappelez-vous cet excellent et jeune curé de Saint-Sauveur, dans le bourg normand de Thury. » Et M.  de Repentigny acquiesce de la tête.

Quelques instants plus tard, la grande salle du fort Saint-Louis est remplie d’invités aux aimables propos. M.  de Montmagny accompagné de M.  de Lisle, du sieur de Beaulieu, des principaux officiers de sa maison, circule de groupe en groupe. Affable, gracieux, de mine imposante, il plaît à tous.

Bientôt les groupes vont se resserrant, ici et là. On est hospitalier dans la Nouvelle-France, et chacun réclame la faveur de recevoir quelques hôtes. « L’installation sera forcément longue, explique-t-on. Il faut à chacun un gîte provisoire. »

La plus ancienne famille du pays, celle de Marie Rollet, la veuve de Louis Hébert, premier colon canadien, fait tout de suite, et très gracieusement, valoir ses droits.

Marie Rollet, « la première Canadienne » ainsi l’a-t-on présentée à M.  de Montmagny, est une grave et belle matronne d’une cinquantaine d’années. Près d’elle se tient son second mari, Guillaume Hubou, et son gendre Guillaume Couillard. Un peu plus loin, des jeunes gens et des jeunes filles assistent le sourire aux lèvres à ces