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Les aventures de Perrine et de Charlot

vient-il pas de souhaiter la bienvenue et de venir en aide aux visiteurs, des colons peut-être ! Et puis, songez donc ! Il y a longtemps qu’on ne s’est vu à pareille fête. Durant cette journée fortunée du 11 juin 1636, voilà qu’un deuxième navire jette l’ancre devant Québec ! C’est un bonheur sans mélange qu’en ressent la petite population laurentine. Houp !… là !… Les embarcations gagnent déjà le large. Quelques minutes d’attente, et tous seront ici.

M. de Courpon n’est pas demeuré inactif. Il a donné des ordres. On lance sur le fleuve toutes les chaloupes disponibles du navire. On ne s’attend guère à Québec, il le sait, le capitaine, à recevoir tous les colons que renferme son vaisseau. N’y eût-il que les nobles familles Le Gardeur, Le Neuf du Hérisson, la Poterie, avec le personnel de leur maison, que cela ferait bien en tout quarante-cinq personnes. Et les pères jésuites ? Et les autres colons ? M. de Courpon est radieux ! L’agréable surprise qu’il tient en réserve pour la colonie naissante ! Cette nombreuse émigration normande qu’il a conduite au Canada est triée sur le volet.

Les embarcations approchent de plus en plus. Ah ! quelle joie ! Les Jésuites aperçoivent plusieurs des leurs. Vite à l’abordage ! Les pères Adam et Quentin sautent vivement dans une barque. On s’étreint avec émotion. Près d’eux que d’exclamations s’entendent ! Quelle confusion ! Des paroles sonores et gaies s’échappent de ces promptes lèvres françaises ! Les barques, les canots, les chaloupes se remplissent rapidement. Grand Dieu ! Si l’on s’attendait à une pareille foule ! Tant bien que mal, l’on se case, et, enfin, M. de Courpon descend dans la dernière chaloupe entouré de son équipage.