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Les aventures de Perrine et de Charlot

jours juché sur l’épaule de Julien. Il a écouté attentivement.

charlot

M.  le capitaine, je suis heureux, moi, d’être au Canada. Et Perrine aussi, allez. Elle ne le dit pas parce que…

(Charlot hésite et coule un regard d’admiration vers le bel uniforme de M. de Courpon.)

Eh ! bien, parce que vous êtes si grand, si fort, si beau, M.  le capitaine. Elle n’ose !

Comme il rit de bon cœur, M.  de Courpon, de l’hommage naïf du petit garçon. Sa main longue et fine, recouverte de dentelles, se pose sur la bouche de l’indiscret mioche.

m. de courpon

Veux-tu te taire, mon petit mousse ! Qui te permet de répondre à qui ne t’adresse pas la parole ?

Le bruit et le mouvement s’accentuent. Le canon tonne là-bas sans interruption. La cloche du petit sanctuaire se met en branle. Sa voix grêle tinte joyeusement. Un quart d’heure plus tard un rassemblement se produit sur les rives. Des chapeaux et des bonnets se soulèvent, se balancent, des bras se tendent dans la direction du navire, des drapeaux s’agitent, d’enthousiastes vivats retentissent. Au centre d’un groupe principal, quelques personnages à la noble stature causent avec animation. Plusieurs jésuites s’approchent avec empressement de la barque où viennent de prendre place deux pères de leur Compagnie. On est assuré de la présence à bord de nouveaux missionnaires, et les yeux rayonnant, les mains pressant avec satisfaction les avirons, on s’y rend. Deux autres barques, quelques canots d’écorce se disposent à suivre à la file. Ne con-