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Les aventures de Perrine et de Charlot

Charlot se couche bien sagement, qu’il n’ait plus de vilaines peurs comme la nuit précédente. Le grand voyage est commencé, l’on est bercé par la mer qui chante, et au Canada, où l’on arrivera sans trop tarder, il faudra montrer de braves et riantes figures. Perrine caresse son frère. Elle le secoue en souriant. « Allons, allons, qu’a-t-il donc ce frérot qui ne veut même pas qu’elle s’éloigne d’un pas ? »

L’enfant, en effet, est agité. Ses joues ont la rougeur de la fièvre, son front brûle. De temps à autre, il frissonne. « Mon Dieu ! pense Perrine, est-ce que Charlot va devenir malade ?… Pour tout de bon ?… Et alors, que ferais-je ?… » Son cœur bat fortement durant quelques instants. Puis elle s’agenouille. Il est temps pour elle aussi de se reposer, et saurait-elle le faire sans une prière à Jésus, sans une pensée pour ses bons parents. Perrine lorsqu’elle se relève est rassérénée. Le secours lui viendra de là-haut quand il le faudra. Elle en est sûre maintenant.

La nuit se passe tant bien que mal. À maintes reprises, la voix de Charlot se fait entendre : « À boire, Perrine ! » La courageuse petite sœur lui verse de l’eau aussi fréquemment qu’il le désire. Mais voilà qu’au matin, alors que, sur la plainte de Charlot, elle saisit la deuxième bouteille d’eau, elle s’aperçoit avec terreur, qu’elle est presque vide. Elle va manquer d’eau, là ! Grand Dieu ! Plus d’eau !… « À boire, à boire, Perrine ! » crie plus haut Charlot. La petite se lève interdite, affolée. Elle le reconnaît, se cacher plus longtemps aux yeux de tous devient impossible. Laissera-t-elle son frère chéri, qu’elle a promis à sa mère de protéger coûte que coûte, le laissera-t-elle mourir faute de soins intelligents ? Car il est bien malade, elle en a peur. « À boire,