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Les aventures de Perrine et de Charlot

La tante Claudine Le Jeal, — car c’est elle, — s’éloigne à regret. Dès qu’elle est hors de vue, le jardinier saisit le petit garçon et le pousse au dehors.

le jardinier

Va, petit, la frayeur te sert de punition. Tu as de la chance que je me sois trouvé là. Elle t’aurait cassé sa canne sur le dos. La mâchante femme ! Sais-tu Luc,

(Un autre jardinier est accouru.)
je souhaiterais que les petits neveux d’Offranville se noient, tiens, dans cette belle mer qui miroite au soleil. Cela vaudrait mieux que la vie ici.

Perrine saisit la main de Charlot. « Fuyons vite, dit-elle, oh ! que nous avons raison de nous en aller très loin de la tante Claudine. Elle est terrible. »

On court. Les vaisseaux sont bientôt en vue. Perrine, avec sa petite figure avenante, très mignonne, s’approche d’un matelot. Il a l’air un peu idiot, pas méchant du tout.

— Quel navire, mon bon Monsieur, part pour le Canada, demain ? demande Perrine.

— Celui-ci, en rade, droit devant vous.

— Merci.

Perrine regarde de tous côtés. Oui, ils sont bien seuls, eux et ce matelot.

« Venez venez, fait-il, tout à coup, je ne vous trahirai pas. C’est un beau voyage à faire. Je vais vous embarquer. »

Il rit en soulevant Charlot. « Le beau petit gars ! » s’exclame-t-il. Perrine hésite. Bah ! tout à l’heure, elle se cachera si bien dans l’intérieur du navire que personne ne les découvrira. Et puis ce matelot, un peu hébété, les oubliera bientôt. Elle se risque.