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Les aventures de Perrine et de Charlot

olivier le tardif, gravement.

Rappelez-vous, Madame, combien j’aimais le petit Charlot. Son souvenir me rapproche de sa sœur. Elle est sensible à mes attentions pour la même raison que moi, je crois. Elle revoit son frère en moi, comme je revois Charlot en elle.

catherine de cordé

Hélas ! Mon pauvre Charlot ! Quel sort ! Je n’y pense jamais sans frissonner.

olivier le tardif, songeur.

Si pourtant, Madame, nous nous méprenions sur les événements. S’il était encore vivant et captif ! Le mioche était attachant et les sauvages aiment les enfants. Ils les adoptent volontiers.

catherine de cordé, hochant la tête.

Je n’ai pas votre espoir, M.  Olivier. Tout est bien fini. Depuis deux ans !…

Elle s’interrompt, l’abbé de Saint-Sauveur entre. Il salue, puis, d’un geste de la main, fait signe qu’on ne bouge pas. Il s’avance dans la chambre de la malade à la suite du médecin. Catherine de Cordé et Olivier Le Tardif demeurent dans l’embrasure de la porte.

Oh ! la jolie chambre, fraîche, claire, ensoleillée, que la bonne aïeule avait aménagée pour Perrine ! La petite fille avait eu un sourire lorsque la vieille dame l’y avait conduite pour la première fois. Mais le soir, lorsque, la chandelle éteinte, l’enfant n’avait plus craint qu’on la vît, elle s’était enfoncée dans ses oreillers en pleurant : « Oh ! Charlot, Charlot, avait-elle gémi, pourquoi n’es-tu plus avec moi ! »

Le médecin, à mesure que son examen avance, fronce davantage les sourcils. « Hum ! hum ! » toussote-t-il. L’état comateux de Perrine commence à l’inquiéter. Il se tourne soudain vers