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Les aventures de Perrine et Charlot

ne seront plus là lorsque le jeune maître reviendra… s’il revient jamais ! Charlot serre la main de tous. Il remercie avec grâce. L’émotion est à son comble. « Quel môme gentil nous perdons, se lamentent-ils tous, que nous l’aimions déjà ! »

« Vite en voiture, » supplie la bonne hôtesse. L’on doit se rendre chez les hospitalières entendre la messe avant le départ. De nombreux carrosses stationnent déjà dans la cour de l’hôtel-Dieu. Un jésuite s’entretient gravement à la porte d’entrée avec une religieuse. Surprise en voyant celui-ci enveloppé dans un long manteau de voyage, la bonne hôtesse questionne un des assistants. « Ce jésuite, demande-t-elle, serait-il aussi du voyage ? »

— Oui, Madame, lui répond-on, c’est le père Vimont, à ce qu’on dit. — Et ce beau carrosse doré, à droite, à qui appartient-il mon brave homme ? — À Madame la gouvernante de Dieppe, s’il vous plaît. Elle tient à accompagner jusqu’au navire, la noble dame de La Peltrie, et la Mère de l’Incarnation. Une sainte femme celle-là, comme on en voit peu, dit-on partout. Ça n’est-il pas beau, Madame, de s’en aller loin pour l’amour de Dieu ! — Oui, oui, reprend la bonne hôtesse, dont la voix s’étrangle un peu en pressant la main de Charlot. — On entre.

À la sortie de la messe, la foule envahit la cour de l’hôpital et regarde le défilé. La bonne hôtesse, Charlot et Julien sortent les premiers, puis des invités, quelques prêtres, le père Vimont, et enfin les religieuses. Madame la gouvernante de Dieppe vient donnant la main à Madame de la Peltrie ; puis à deux pas en arrière, s’avancent la Mère de l’Incarnation et ses compagnes. À la vue de la Mère de l’Incarnation, dont le lumineux visage garde le reflet de son dernier colloque avec Dieu, et semble transfiguré par la beauté du