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Les aventures de Perrine et de Charlot

la bonne hôtesse, inquiète.

Qu’as-tu donc, enfant ?

charlot, le regard bouleversé.

Cousine, ce matelot,… là, là, à notre gauche… je crois que c’est… Ah ! mon Dieu…

(Et, lâchant subitement la main de la bonne hôtesse, Charlot s’élance, les bras tendus, à la poursuite de cet homme.)

Stupéfaite, ne comprenant rien à la conduite de l’enfant, la bonne hôtesse le suit à pas pressés. Elle entend soudain une exclamation de joie puis de détresse. Le matelot que Charlot vient de rejoindre et au cou duquel il s’est suspendu, chancelle, porte la main à sa gorge comme s’il étouffait, puis tombe de tout son long entraînant Charlot dans sa chute. Un rassemblement se produit aussitôt. La bonne hôtesse peut avec peine s’approcher. Elle écarte quelques curieux. Elle appelle l’enfant, angoissée. Ah ! il est là ! Agenouillé, ne semblant voir personne, Charlot caresse doucement les cheveux du matelot et murmure à son oreille toutes sortes de tendresses. Autour de lui on s’exclame : « Le pauvre mignon en a-t-il du chagrin ! » — C’est le petit neveu de Mme Le Jeal, — un gosse gentil et riche, je ne vous dis que ça ! — Mais que veut-il donc à ce vieux matelot ? Ça n’est-il pas triste d’entendre se lamenter comme ça !

À la voix de la bonne hôtesse, cependant, Charlot se retourne, et moitié riant, moitié pleurant, dit : « Cousine, c’est Julien, mon bon Julien que je viens de retrouver. Mon grand ami de là-bas. Nous ne nous quittions jamais. Vous le savez. Mais,

(et l’enfant passe sa main sur son front),
je ne comprends pas pourquoi il est ici. Peut-être me cherche-t-il ? Et voyez,