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Les aventures de Perrine et de Charlot

rosité doit être sans cesse à l’ordre du jour. Souvenez-vous ! « Gesta Dei per Francos ! »

Le lendemain, Charlot entre en relation avec les ursulines et les hospitalières de Dieppe. À combien de questions anxieuses l’enfant doit répondre ! Que de fois, il reprend le récit de la vie dangereuse, active, pleine d’imprévu qui est celle de tout Canadien. Son ton enthousiaste plaît beaucoup. « On peut donc aimer le terrible pays de Canada, se disent entre elles les nonnes. Voyez ce petit ! Il ne saurait vivre ailleurs que dans les forêts de Québec ! Ah ! c’est tant mieux pour nos sœurs qui s’en vont là-bas, c’est tant mieux ! »

Le 18 avril, Charlot se rend de bonne heure, au port de Dieppe. On a signalé durant la nuit l’arrivée du vaisseau amiral « Le Saint-Joseph. » C’est le navire que la compagnie des Cent-Associés, met à la disposition de Madame de la Peltrie. Cette société se montre ravie de l’intérêt que porte au Canada, la riche grande dame normande. Charlot aperçoit vite « Le Saint-Joseph, » qui se balance en rade. Il bat des mains. La bonne hôtesse essuie furtivement une larme. Peu de jours, maintenant, lui restent à passer en compagnie de cet enfant auquel elle s’est attachée de tout son cœur. Il semble vraiment qu’il soit un peu à elle, qu’un lien mystérieux de parenté l’unit à ce garçonnet tendre et caressant.

Le veille encore, de quelle délicatesse Charlot a fait preuve envers sa protectrice et le vieil Ephrem ! Le notaire a fait appeler la bonne hôtesse dans son étude, en grand mystère. L’air malicieux, le tabellion commença d’abord par causer longuement d’affaires, par la rassurer sur la gestion des capitaux de Perrine et de Charlot. « Malgré l’établissement lointain des orphelins, explique-