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Les aventures de Perrine et de Charlot

tesse habille Charlot, peigne ses fins cheveux. Soucieuse, impressionnée à l’avance, elle cause de la visite à la tante Claudine. Le cœur de l’enfant s’attendrit. « Il essaiera de consoler sa parente, comme l’aurait recommandé Perrine, » assure-t-il, de son petit ton fervent. La bonne hôtesse l’embrasse. « Quelle tendresse, songe-t-elle, ont l’un pour l’autre les deux orphelins ; sitôt qu’un événement surgit, le petit se cramponne au souvenir de sa sœur ! »

Chez Mme  Le Jeal, le prêtre accueille les visiteurs, à l’entrée du salon. « Suivez-moi sans tarder, dit-il, ma malade est dans un état fébrile depuis que je lui ai appris la bonne nouvelle. Si je l’eusse écoutée, vous seriez ici depuis hier. »

On traverse le somptueux salon dans toute sa longueur ; on tourne à droite dans un couloir éclairé par un œil-de-bœuf, orné d’une fine sculpture. Tout au bout, le prêtre frappe à une porte entr’ouverte. Une femme de chambre apparaît. Avec un sourire entendu, elle livre passage aux arrivants.

Au milieu de la vaste pièce, l’invalide est étendue sur une chaise oblongue aux bois artistiquement travaillés. La forme frêle du corps se dessine sous les courtines de soie. La tête pâle où rayonnent des yeux ardents, très noirs, où la vie semble s’être toute concentrée, retient les regards. Ces yeux immenses s’attachent, se fixent, se rivent sur Charlot. Ils suivent ses moindres mouvements. Ils s’élargissent soudain. L’enfant vient de s’approcher. Un frémissement léger les agite. Les yeux se ferment… Inquiète, la femme de chambre s’incline sur la malade, un cordial à la main. Mais d’un geste elle est repoussée, et faiblement l’invalide appelle le prêtre.