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Les aventures de Perrine et de Charlot

son corps était sillonné, pâlir, s’effacer ; et ses cheveux, ses jolis cheveux bruns, imbibés d’huile jusqu’à la racine, redevenir soyeux et bouclés. L’on causait beaucoup, et de grands projets, qui rosaient les joues de Charlot et baignaient de lumière ses yeux câlins, s’ébauchaient, se précisaient. Mais il fallait attendre pour les réaliser que les sauvages, les anciens compagnons de Charlot, eussent donné signe de vie. Toutes les nouvelles concernant Paris et la banlieue avaient leur écho à l’auberge et l’on finirait sans doute par apprendre quelque chose. Les sauvages rechercheraient-ils encore Charlot ? Ou bien, ayant pris leur parti de sa fuite, ce qui était plus prudent, quelles explications fournissaient-ils ? La réponse à l’une ou l’autre de ces questions déciderait bien des choses. La bonne hôtesse souriait des craintes de Charlot qui redoutait bien fort que l’on ne fît souffrir Iouantchou à cause de lui. « Mais non, mais non, reprenait-elle sans se lasser, que ton bon petit cœur se rassure. Ce sauvage que tu appelles si bizarrement… comment donc ? Iouchou ? Puis-je éternuer, petit, s’interrompait-elle en riant, cela m’est plus facile que de nommer ton ami !… Vois-tu ; ce sauvage saura se défendre, et comme ses compagnons devront aussi s’en mêler, à eux tous, ils trouveront sûrement quelque gros mensonge qui aura tout l’air d’une vérité. »

Au bout de trois semaines, Charlot, complètement rétabli, habillé à la française, frais, alerte, méconnaissable pour tous ceux qui l’avaient jadis entrevu à l’auberge, est présenté aux habitués de la maison. On lui fait un enthousiaste accueil. Et bientôt, c’est à qui se ferait servir par ce gracieux enfant qui ne demande qu’à obliger. La bonne hôtesse accepte les services de Charlot. Elle