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XXVII

Attente


Comment reconnaître dans ce joli garçonnet de neuf ans, vif, gai, empressé, le Charlot d’il y a un mois ! Un peu de bonheur, des soins vigilants, ont vite transformé, en un charmant enfant français, le petit sauvage mélancolique que protégeait Iouantchou. Durant les deux premières semaines, personne, à l’auberge, n’a aperçu Charlot. La bonne hôtesse a bien annoncé à ses amis l’arrivée d’un jeune parent, venant de la Normandie, dont le père et la mère étaient morts ; « mais, a-t-elle ajouté toute triste, l’enfant me semble si affaibli, que beaucoup de repos et de la solitude lui sont nécessaires. On le verra plus tard à mes côtés. » La confiance et le respect que la brave femme inspirait, empêchèrent les curieux de pousser plus loin leurs questions. À sa prière, on attendit avec patience le moment d’être présenté au mioche normand.

Tous les matins, l’hôtesse passait plus d’une heure auprès de Charlot. Elle présidait, en bonne fée, à sa toilette. Avec joie, elle voyait peu à peu la peau du petit reprendre sa teinte naturelle ; les marbrures rouges, noires, bleues, dont