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Les aventures de Perrine et de Charlot

grosse et vilaine écriture, le cher petit n’est pas, un scribe, tout simplement ceci : « Charlot t’aime, Iouantchou. »

Le soir, vers huit heures, les sauvages sont de retour. Ils entrent dans la chambre de Charlot. Le capitaine huron a l’humeur sombre, et repousse Charlot qui s’offre gentiment à le débarrasser de son manteau. Iouantchou sourit à l’enfant. Il le complimente sur sa mine qu’il trouve tout autre qu’au départ. « Qu’a donc fait le petit pour se guérir, demande-t-il ? Depuis des mois, il n’a eu un visage aussi vivant, aussi heureux ! » Le capitaine huron, à ces paroles, se retourne vivement et fixe Charlot de son œil soupçonneux. Il l’appelle. Un petit interrogatoire suit. « A-t-il vu quelqu’un ici durant leur absence ? Ne lui a-t-on rien donné ? Qu’il vide ses poches devant lui. » Charlot obéit, tandis qu’Iouantchou s’éloigne en haussant les épaules. Au moment Charlot, angoissé, déploie sa ceinture que gonflent un peu les pièces d’or, un vase en porcelaine, appartenant au capitaine huron, tombe sous le geste maladroit d’un jeune sauvage. Il se brise en mille fragments. La colère du Huron éclate, terrible. D’un coup de pied, il envoie Charlot rouler dans un coin et se précipite en rugissant sur le sauvage malchanceux. Avec peine, on lui arrache sa victime qui hurle de douleur, et dont la joue droite porte une balafre. Elle saigne abondamment. Le tomahawk, toujours prêt du capitaine huron, a fait son œuvre.

Deux heures plus tard, tous sont au lit. Charlot se sent calme, plein de sang-froid et de courage ! L’heure de sa fuite va sonner bientôt. Onze heures ! Comme tout devient silencieux dans l’auberge. Minuit ! « C’est le moment, » se dit Charlot. Doucement il repousse ses couver-