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Les aventures de Perrine et de Charlot

Charlot le regarde doucement. Ses yeux, un peu éteints, s’efforcent d’être reconnaissants. Péniblement, il se soulève et saisit la main brune d’Iouantchou. Il la presse contre sa joue, balbutiant : « Merci, Iouantchou, tu es bon ! »

Le sauvage, la figure impassible, pousse un ho ! ho ! très rauque et se dirige vers la porte. Il hésite, la clef à la main ; puis, sans se retourner, la remet dans sa poche. Au lieu d’exécuter sa menace et de tirer le verrou, Iouantchou témoigne encore une fois sa confiance envers l’enfant.

Une heure plus tard, Charlot, un peu remis, s’approche de la fenêtre. Pensivement, il examine sa blouse bleue à larges boutons qu’il vient de quitter. Il hoche la tête. Non, vraiment, il ne lui est plus possible de la remettre. Ce n’est qu’un lambeau devenu trop étroit. Mais aura-t-il le cœur de jeter ce vêtement chéri au rebut ? L’enfant soupire. Que de doux souvenirs demeurent attachés à sa petite blouse ! N’est-ce pas Perrine qui, la dernière, la lui a mise au matin de son enlèvement ? Que de recommandations lui avait faites, à ce moment, la sérieuse petite sœur !

Il se les rappelle. Il ne fallait pas la déchirer la tacher, ni surtout, oh ! surtout, ne pas perdre un seul des nombreux boutons dont elle était ornée.

Charlot sourit. Il compte de nouveau les boutons. Douze. Pas un seul ne manque. Il y a veillé. Qu’elle serait heureuse Perrine de le savoir ! Mais…, et les yeux de Charlot s’animent un peu, pourquoi ne pas tenter de rapporter ces babioles, au Canada ? Oui, oui, c’est cela. Quelle bonne pensée il vient d’avoir ! À l’œuvre ! Il se glisse sur le lit. Un à un, il enlève les boutons et les fait disparaître dans son ceinturon de cuir. De la sorte, ils sont invisibles. Il ne faut