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Les aventures de Perrine et de Charlot

le curé, joignant les mains.

Les desseins de Dieu sont impénétrables, mon révérend père. Toujours, il faut les bénir. Mais ce nouveau gouverneur part sans doute bientôt pour sa nouvelle destination ?

le père récollet

Le 8 avril prochain, dans une semaine au plus tard, M.  de Montmagny voguera vers les terres lointaines du Canada. Il faut beaucoup de courage pour y vivre. Quels terribles ennemis sont les sauvages pour nos Français ! Cependant quelque-uns des barbares se convertissent et aiment Dieu de tout leur cœur. Cela suffit pour nous décider à tout souffrir pour les attirer vers Lui !

le curé, très intéressé.

Les colons sont-ils rares ?

le père récollet

Ils augmentent peu à peu. Tenez, j’apprends M.  le curé, que deux belles familles normandes, celles de MM.  de Repentigny et de la Poterie, s’y rendent bientôt. On s’embarque tout près d’ici, à Dieppe, le 8 avril. Des enfants en bas âge prendront place sur le navire. Cela nous ramène au temps de Louis Hébert, — le premier colon, — et de Marie Rollet, sa courageuse femme. Ils ne craignirent point dès 1617 d’aller demeurer au Canada avec leurs trois enfants.

Perrine tressaille. Ces quelques paroles du religieux s’impriment dans sa mémoire : « L’on s’embarque à Dieppe, le 8 avril prochain. Des enfants prendront place sur le navire. » Elle soupire. Pourquoi n’est-ce pas Charlot et elle, Perrine, qui partent ainsi au loin. Cela vaudrait mieux que le séjour chez la terrible tante. « L’on