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Les aventures de Perrine et de Charlot

plumes d’aigles forment un diadème autour de sa tête. Il domine de sa haute taille tous ses compagnons. Des curieux s’appuient au rebord des fenêtres, d’autres masquent les portes. Quelques-uns même s’approchent tout près des sauvages. Leur accoutrement leur donne si grand air ! Et quelle impassibilité ! Pas un muscle de ces figures bronzées ne bouge. Charlot et les deux jeunes sauvages se glissent en arrière. Ah ! quelle nouvelle et torturante épreuve pour Charlot ! Comme il a supplié le bon Iouantchou fils de le laisser à l’auberge ! Mais tout a été inutile. Sagement, Iouantchou a remarqué que leur nombre étant maintenant connu des Parisiens, cela ne manquerait pas d’attirer l’attention. Mieux valait venir et se tenir habilement au dernier rang.

Un père jésuite entre. La petite troupe se met aussitôt en marche sous sa conduite. Cette fois, aucun sourire dédaigneux ne marque la physionomie des personnes accourues. De la sympathie éclaire les visages.

À l’église, des places de choix ont été réservées aux sauvages, dans la galerie ! De la sorte, ils assisteront à l’entrée du roi qui traversera la grande nef, avant de venir s’agenouiller sur un prie-dieu de velours rouge et or, placé dans le chœur.

Le bruit des orgues éclate. Les têtes des sauvages se relèvent étonnées. Quelle étrange et formidable harmonie ! Le tonnerre dans la forêt canadienne, alors que les sons s’adoucissent et vibrent au loin, toujours plus au loin, ne peut être comparé à cet instrument. Ils écoutent en soupirant d’aise. Un commandement bref, très haut, venant de la grande porte de l’église, distrait leur attention. Ils se penchent. Le rou-