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Les aventures de Perrine et de Charlot

ni voler, ni être cruel envers personne. Il ajoute, et alors, quoi qu’il fasse, ses larmes coulent, « si je vous demande tout cela, bon Jésus, c’est afin que ma Perrine chérie, Mme de Cordé, le bon Julien, M. Olivier, reconnaissent Charlot lorsqu’ils le reverront. »

Très endurci maintenant à la fatigue, au froid et à la faim, Charlot supporte bien le pénible hiver, en compagnie des barbares. Sauf sa petite blouse bleue à larges boutons, qu’il n’a jamais voulu quitter, il est vêtu comme un sauvage. C’est-à-dire qu’une bonne peau d’orignal le recouvre du cou jusqu’aux genoux ; qu’à sa taille une lanière de cuir l’enserre ; qu’à sa ceinture est glissé un tomahawk. Ses cheveux, cependant, très longs, demeurent bouclés. Seuls, avec son teint pâle, ils accusent la différence de race avec les sauvages dont la peau est brune, les cheveux lisses et huileux.

Jamais le pauvre petit se serait imaginé que l’on pût vivre enfoncé dans les neiges. Aussi, à la première halte des Iroquois, en décembre, regarde-t-il avec de grands yeux la construction de la cabane d’hiver. L’on creuse d’abord un grand trou carré dans les neiges, avec une seule ouverture. L’on tapisse les murs de ce carré de branches d’arbres, éloignées les unes des autres. Au-dessus, l’on pose, en travers, d’autres branches très longues sur lesquelles on ajuste de légères écorces. Au centre, on pratique un large espace à ciel ouvert, afin de laisser échapper la fumée. Tous entrent pêle-mêle dans ce misérable logis, hommes, femmes, enfants, jusqu’aux chiens, qui sont très nombreux. Chacun étend sur le coin choisi des rameaux de sapin.

Ah ! Charlot se demande bientôt ce qui le fait souffrir davantage dans la cabane iroquoise.