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XXII

Les épreuves de Charlot


Depuis trois mois, Charlot vit au milieu d’un groupe d’Iroquois nomades, aux mœurs sanguinaires, dressés au vol, rompus à toutes les ruses et n’ayant qu’un culte : la force. La pêche et la chasse subviennent aux premiers besoins. Lorsque l’une ou l’autre sont abondantes, c’est tant mieux, il y a bombance. Les chaudières regorgent de viande d’orignal, d’ours ou de castor ; de nombreuses anguilles sèchent au soleil. Si, au contraire, l’on est peu chanceux, c’est la famine, c’est une journée sur trois à se nourrir. Aux nombreux festins « à tout manger » succèdent de longues journées d’inanition. Personne ne se plaint. C’est la coutume et l’on y est fait. À aucun d’entre eux, hommes ou femmes, ne viendrait l’idée d’économiser, aux jours d’abondance, pour des jours moins heureux.

D’abord, nul des Iroquois ne songea à molester Charlot. On l’avait enlevé, c’est vrai, mais pour remplacer le fils défunt d’un des sagamos de la tribu. La femme de ce dernier s’était montrée inconsolable de la perte de son enfant. Hélas ! la pauvre mère iroquoise n’avait souri que