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Les aventures de Perrine et de Charlot

olivier le tardif

Non, non, mon brave Julien. N’aie pas de ces terreurs. Les sauvages s’en prennent rarement aux enfants.

Par pitié le jeune homme s’exprime avec conviction, à voix haute et claire. Mais comme son cœur se serre ! Il sait de quelles cruautés sont capables les Iroquois, leurs ennemis acharnés. Souvent même, les enfants sont maltraités à cause d’eux. Avec un soupir, car lui aussi chérit Charlot qui le lui rend en gentillesses et en confiance, le jeune homme décroche du mur un mousquet, saisit sur le bahut deux pistolets, et s’arme rapidement. Il recommande à Julien d’en faire autant. Avant de quitter la maison, dans un geste furtif, le matelot glisse, dans son sac une miche de pain et du fromage, demeurés sur la table. Pauvre Julien, méditerait-il de suivre Charlot, et redouterait-il la famine plus que tout autre danger, dans l’immense forêt canadienne ?

En silence, Olivier Le Tardif et Julien reprennent la route du couvent. Deux fois ils font le tour de la haute palissade de bois qui protège « la résidence » des jésuites. Rien. Aucun indice. Julien fait quelques pas dans la direction des bois. Il pousse soudain un cri, et son index désigne un objet brillant, au pied d’un pin. Olivier Le Tardif s’approche.

julien l’idiot

M.  Olivier, le tomahawk du petit ! Le cadeau du sauvage.

(Il le ramasse et jalousement le passe à sa ceinture.)
olivier le tardif

Et, vois ici, Julien, des pistes nombreuses.

(Il se penche.)