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Les aventures de Perrine et de Charlot

queur. Le six enfants ont suivi Jacques Hertel. Thomas Godefroy de Normanville, en souriant, soulève Charlot dans ses bras et le laisse déposer sur sa tête une couronne de laurier. Chacun des enfants offre une autre couronne qu’il enroule à son bras. En remerciement, Normanville donne l’accolade au plus petit d’entre eux, au mignon Jean-Baptiste de Repentigny.

Des applaudissements, des acclamations, des cris s’élèvent : le gouverneur s’est levé, a saisi l’épée et fait quelques pas dans la direction de l’athlète. M. de Montmagny ne peut se défendre de beaucoup d’émotion. N’a t-il pas devant lui la vaillance, la souriante témérité française ? Thomas Godefroy de Normanville, qui s’incline, robuste et gracieux, est un vrai fils de France, l’un de ces beaux paladins qui, jadis, une flamme dans les yeux, s’en allaient guerroyer le Saxon ou l’Infidèle.

Le jeune homme reçoit l’épée, salue, puis vivement, tourne à droite et vient s’agenouiller auprès de Marie Le Neuf, la priant de le ceindre de cette arme. Ce geste d’autrefois inconnu des sauvages provoquent leur enthousiasme. Ils se lèvent, sautent, pivotent sur eux-mêmes, vocifèrent. C’est un délire. Leurs manifestations sont étourdissantes.

Jean Nicolet et Olivier Le Tardif apparaissent. Ils rayonnent. Julien l’idiot les suit de près. M. de Montmagny ne peut réprimer un soupir de soulagement à la vue des interprètes. D’un signe, il appelle Jean Nicolet et Olivier Le Tardif et les charge de la harangue aux sauvages. Les chefs des diverses tribus s’avancent déjà et demandent à être entendus.

Durant près de deux heures l’on écoute tour à tour, Huron, Montagnais, Algonquin, Nipissi-