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Les aventures de Perrine et de Charlot

Les voix enfantines ont été les premières à s’éteindre, elles sont les premières à s’élever au petit jour. Et vite les courses sur la grève. Bambins et bambines s’ébattent dans le soleil et la radieuse clarté d’un beau jour. Qu’il fait bon par ce matin d’or enfoncer de petits pieds nus dans le sable. Des coquillages nacrés brillent ici et là. On en fait une cueillette.

L’abbé de Saint-Sauveur et M. de Repentigny apparaissent les premiers. Ils s’égaient de la joie des enfants. Le petit Jean-Baptiste de Repentigny se dresse soudain en face de son père, l’air mystérieux.

jean-baptiste de repentigny

Père, vois Julien. Il n’a dormi que d’un œil cette nuit. C’est difficile cela. Est-ce que tu le peux, toi, petit père ? Moi, non.

Et l’enfant contracte sa jolie figure, fermant un œil tout en essayant de maintenir l’autre ouvert. On rit ferme autour de lui. Mais Julien s’inquiète. « Au juste, pense-t-il, qu’est-ce que ça veut dire dormir d’un œil ? »

m. de repentigny

Écoutez, petits, il faut être grand et fort pour réussir cela. Plus tard ce ne sera qu’un jeu pour vous. Et Julien connaît le secret.

Le matelot respire, soulagé. « Ce grand seigneur, comme il répond facilement à une question embarrassante, » marmotte-t-il.

On se met de nouveau en route. Deux jours se passent, encore agréablement, certes ! Dans l’après-midi du troisième jour, vers les cinq heures, on est en vue des Trois-Rivières. Les soldats arborent le drapeau blanc, et embouchent leurs trompettes. On répond aussitôt du fort. Quelques minutes plus tard, les embarcations qui