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Les aventures de Perrine et de Charlot
(désignant le Huron.)
prétend, au contraire qu’il est impossible à qui que ce soit d’être aussi agile que vous.
(Applaudissements et cris.)

« Les Français, soutient de plus le capitaine huron n’avancent que comme des tortues. » J’accepte le pari, mes amis, au nom de mon frère d’armes, Thomas Godefroy de Normanville. La course aura lieu aux Trois-Rivières, le 18 août prochain, avec la permission d’Ononthio (le gouverneur), qui sera présent. Avis en est donné à tous. J’ai dit.

Aux paroles de Jean Nicolet succèdent des cris, des bravos, des danses folles. Et ce bruit infernal est encore couvert du roulement des tambours.

Julien s’approche avec les enfants d’un petit tambour qu’il connaît. Il ruisselle de sueur. Il tape, tape, maugréant de tout son cœur contre les sauvages, dont les cris nuisent au rythme qu’il conduit.

Un Nipissirinien, furtivement, a suivi Julien. Émerveillé, il considère, lui aussi, le petit tambour. Ah !… Voilà que la tête du sauvage, trop rapprochée de l’instrument, gêne les mouvements de l’enfant. Déjà fatigué, à bout de patience, le petit tambour, soudain, applique rudement l’une de ses baguettes sur la tête du Nipissirinien, afin de le faire reculer. Le sang jaillit en abondance de la blessure. Le sauvage chancelle sous la force du coup.

Quelle rumeur s’élève aussitôt ! Le chef des Nipissiriniens s’avance appelant Jean Nicolet. Tous deux s’enquièrent des faits et engagent publiquement la conversation. Un silence profond s’est établi.