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lements, Haut et Bas-Canada, il en voyait très bien, tout comme les yeux lucides de La Fontaine, les conséquences heureuses pour nous. Puis, cette amnistie générale des prisonniers politiques de 1837-1838, que La Fontaine obtiendrait, en plus d’une indemnité aux familles, qui avaient injustement souffert dans leurs biens, durant l’insurrection, tenait aux fibres même de son cœur. Pouvait-il oublier les souffrances dont il avait été témoin dans cette héroïque vallée du Richelieu ? Il suivait donc avec une sorte de fièvre intérieure intense les gestes préliminaires à ce sujet du noble La Fontaine. Avec peine, un peu d’humeur même, il vit que la session parlementaire de 1848 s’écoulait sans que ces mesures de juste réparation puissent être discutées et votées. Mais en y réfléchissant, le jeune homme ne put manquer d’admirer une fois de plus la sagesse de La Fontaine. Il recourait à la temporisation, à des méthodes de lenteur voulue, mais si sûres au fond, parce qu’elles étaient enveloppées de son sourd vouloir, aussi inébranlable que le roc, et aussi claires, dans leur exposition, qu’une eau de source coulant tout au près.

Maître Berthelot, un jour, dut entrer en hâte dans le bureau de Michel. Une pièce importante manquait à un des dossiers et il se souvenait que son associé l’avait empruntée pour l’étudier à tête reposée. Le fauteuil de Michel était vide.