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naît pas ». Tu te souviendras, en ces instants, que tes vieux classiques prononçaient bien les mots profonds et définitifs, n’est-ce pas, mon enfant ? »

Le patron et compagnon de bureau de Michel, Maître Amable Berthelot, s’était aperçu de la contrainte physique et morale que s’imposait le jeune homme. Mais il lui semblait difficile d’intervenir. Il connaissait si peu ce clerc, de dix ans plus jeune que lui, d’allures américaines, qui ne connaissait presque personne au Canada, sauf, bien entendu, cette famille Précourt, de Saint-Denis-sur-Richelieu. Le jeune homme, en outre, avait répondu d’un ton bref aux questions qu’il avait posées sur Madame Olivier Précourt et sa jeune belle-sœur, Josephte. Maître Berthelot attendait donc qu’une occasion favorable lui permît de secouer cette mélancolie et de mettre un peu de soleil autour de la vie de son compagnon. Il l’appréciait beaucoup. Il voyait avec surprise sa puissance de travail, qui lui faisait acquérir une sorte de divination juridique avec laquelle il maîtrisait les causes qu’on lui soumettait. Il irait loin, sans doute, pour peu qu’on lui aidât. La politique canadienne intéressait aussi le jeune homme. D’esprit et de cœur, il était avec La Fontaine et ses partisans. Le principe du gouvernement responsable qu’apportait cette Union détestée des deux par-