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marche me remettront mieux que la nourriture.

— Mon pauvre petit, je ne veux pas insister plus qu’il ne faut. Dirige-toi donc vers la ferme, qui voisine la maison Saint-Germain. Si la faim te prends on te donnera là le meilleur lait qu’il y ait dans les environs avec de bons morceaux de pain de Savoie qui te soutiendront durant de longues heures. Et maintenant, agenouille-toi. Je vais te bénir… Compte sur mes prières, enfant, et reviens me voir quand le cœur te le dira. Tiens, prends l’escalier, à droite du corridor. Une porte, en bas, te conduira dehors. Personne ainsi ne te verra.

Michel avait suivi en tous points les recommandations de M. Demers. Il avait trouvé, sans peine, vers les trois heures de l’après-midi, en revenant d’une longue marche, la ferme où l’on servait un lait incomparable… Au sortir, sachant que les vêpres se chantaient en ce moment, il traversa rapidement, le village de Saint-Denis et, toujours à grands pas, s’engagea dans la route conduisant à Saint-Charles. Un observateur eût été frappé du regard déterminé du jeune homme, de son front barré de plis, de sa bouche, dont les lèvres se serraient convulsivement. « Quelles sombres réflexions assaillaient donc, se demanderait cet observateur, ce passant à la tournure agréable, vêtu très simplement et coiffé d’une casquette de jeune marin ? Court-il