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est jeune, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.

Comme cette conversation, tenue il y avait un an à peine, revenait vivement à la mémoire de Michel, en ce matin de mai. Il se secoua soudain. Le capitaine, qu’il accompagnait depuis la veille, rappelait en bas. Aussi bien, l’heure de la messe approchait. Il n’avait que le temps de s’habiller, de casser une croûte et en route la demie de cinq heures serait venue.

Un petit incident, qui l’amusa, marqua le départ de la maison, modeste, mais confortable, où il logeait. Alors qu’il cherchait son chapeau sur la longue planchette de bois garnie de crochets et appliquée au mur, à l’entrée, un garçonnet de huit ans accourut près de lui.

— Monsieur, dit-il, un de nos compagnons a pris votre chapeau.

— Oui ? fit Michel surpris.

— Il assurait que vous n’en diriez rien, que vous étiez très aimable et qu’il vous laissait sa casquette de marin à la place.

— Mais pourquoi ce changement, petit ? Le sais-tu ?

— Il a dit, je crois, qu’il voulait avoir l’air d’un monsieur de la ville, non d’un matelot. Cela ferait bonne impression sur sa blonde de Saint-Denis-sur-Richelieu…

Le capitaine, non loin de Michel, se mit à rire. Michel se joignit à lui, tout en se coiffant de son couvre-chef d’occasion.