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prochaines, mais immédiates. Blanchette, en écoutant son frère, se disait que rester à la maison ce soir-là, la rendrait folle d’inquiétude, et pour sa mère, et pour Jules et Josephte qui se trouveraient non loin du théâtre des hostilités et aussi pour… pour Michel ! s’avouait en soupirant beaucoup Blanchette. Il courrait défendre les assiégés, elle le devinait, là où on le prierait de le faire, sans aucun égard pour sa sécurité, l’âme désespérée, et ne tenant plus à grand’chose depuis qu’il avait perdu irrémédiablement Josephte… Les lèvres de la jeune fille, cependant, devaient rester closes vis-à-vis des dames Précourt. Son frère le lui avait fait promettre. Car après tout, si ces sinistres prévisions, ces conversations menaçantes, n’aboutissaient à rien de tragique, pourquoi troubler le calme d’une soirée, si agréable d’ordinaire chez ces parents des Paulet.

La soirée débuta de façon paisible. Un peu d’alarme traversait les physionomies cependant. Jules reprochait amicalement à sa fiancée de prêter davantage l’oreille aux bruits de la rue, qu’aux paroles qu’il lui adressait. Un peu après neuf heures, de violents coups de marteau furent frappés à la porte de la maison. En même temps, on perçut au dehors des pas précipités, des cris d’appels, et bientôt, une clameur horrible, encore lointaine, s’entendit. Elle agrandissait sans cesse.