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nantes. D’autres groupes de meneurs s’approchèrent très près, au contraire, des portes du parlement, guettant les premières nouvelles au sujet de la sanction de cette inconcevable loi d’indemnité aux victimes du Bas-Canada. Vers cinq heures, un cri sinistre, répercuté aussitôt par des centaines de voix, fit onduler de façon terrible cette foule aux abois. On comprit que le gouverneur venait de passer outre aux sévères avertissements, et que la loi était bel et bien sanctionnée ! Peu à peu les menaces, les vociférations les plus diverses, les injures montèrent à un diapason qui devint assourdissant. On entendait ici et là, des bribes de phrases : « Le traître Elgin n’a pas reculé. Le crime est accompli »… Ou bien : « En route pour afficher notre juste colère, pour couvrir de placards incendiaires tous les murs des rues, à commencer par la façade du parlement »… Et encore : « Que d’autres demeurent et usent de sales projectiles pour mieux couvrir de honte le gouverneur et ce ministre sans conscience. »

Et l’on passa de ces décisions violentes à l’exécution. Partout, la foule se livrait au tumulte, aux actes de brutalité. Qu’il fût difficile à lord Elgin de se rendre à sa voiture, toute proche pourtant, et escortée par des aides de camp, qui, eux reçurent, de façon indigne,