Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Qu’as-tu à me confier, Josephte ? Parle maintenant puisque tu as fait l’assaut de mon bureau et que j’avoue ma défaite.

— Comme autrefois, Michel, quand je décidais que tu passerais par mes volontés.

— Josephte, sais-tu que…

— Eh bien…

— Hier, tu n’as pas deviné, je suis sûr, pourquoi j’ai refusé de pénétrer dans cette grange abandonnée où tu te tenais ?

— Jules m’a dit qu’il y avait dans tes yeux, en regardant le vieux bâtiment ainsi qu’une sorte d’épouvante… Il n’y comprenait rien.

— Josephte, c’est toute la scène de notre fuite de Saint-Denis, au lendemain de la bataille, que j’ai revécue. Nous avions dû nous réfugier, si tu te souviens, dans une pareille grange abandonnée.

— Le passé te ressaisit parfois ?

— Josephte !

— Michel, je te suis profondément reconnaissante, je t’assure, en ce moment. Tu m’as tirée, hier soir, d’une situation si pénible qu’à seulement y songer ma rancune n’existe plus… Crois-tu que je serais près de toi sans cela, que j’en viendrais même à te demander une explication. Car je brûle du désir de te poser une question…