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que la scène de l’autre soir se renouvelle souvent… Si j’avais pu me douter d’une pareille frasque de la part d’Hélène Paulet… Quoique à vrai dire, à quelles aventures abracadabrantes ne songent pas ce froufrou que Josephte persiste à aimer beaucoup et à laquelle elle pardonne tout. Cette fois, Hélène dut plaider plus qu’à l’ordinaire. Elle accourait hier pour tout expliquer, pour s’excuser avec presque des larmes dans la voix. J’observais Josephte durant les protestations d’Hélène Paulet. Il y avait plus que de la vexation dans la physionomie de notre petite, on eût dit quelque chose d’hostile, visible pour la première fois, à l’endroit d’Hélène. Mais aussi quels éloges Hélène a faits de toi, de ton amabilité à son égard, de tes talents comme danseur, de causeur, etc. Je crois, mon cher enfant, qu’aucune jeune fille n’aime à entendre ainsi parler, par une autre, d’un jeune homme pour lequel elle a beaucoup d’amitié sinon de l’amour. Et tu vois fort bien que si Josephte te tient rigueur comme elle le fait, ce n’est sûrement pas parce qu’elle éprouve de l’indifférence pour toi.

Quelle longue lettre ! Mais je vous aime beaucoup tous les deux. Je ne veux pas que vous entraviez l’un et l’autre, et l’un par l’autre, votre avenir. Puisque le hasard, ou plutôt la Providence, vous remet de nouveau en présence, essayons d’en tirer des éléments de joie, de bonheur même, si les circonstances