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confiance, ne se livrait que rarement, qu’il fallait souvent deviner ce qui se cachait derrière son petit front volontaire et fermé. Elle n’a pas changé. Mais elle doit se méfier de sa sensibilité, la pauvre enfant, il faut le lui dire du reste. Vois les tours qu’elle peut lui jouer lorsqu’elle n’est pas mise sur ses gardes… Jules Paulet, depuis la scène de la bibliothèque, a quelque chose d’exaspéré dans les yeux. Sans doute, se demande-t-il, quelle est la nature du sentiment qui subsiste au fond du cœur de Josephte à ton égard. Il n’ose questionner notre petite dont le caractère se prêtera mal à ce que j’appellerai, moi, une maladresse d’amoureux. Mais ceux-ci, quand ils sont sincères, sont précisément des maladroits. Et Jules Paulet aime sincèrement Josephte. Oh ! sans doute, il peut se trouver des prétendants plus intelligents, supérieurs au point de vue noblesse de sentiment. Mais il n’est pas à dédaigner tout de même… tant s’en faut. Comme tu le vois, mon enfant, je mets les choses au point d’une façon très claire. Tu ne m’en voudras point, je suis sûre, et tu admettras avec moi, que lors de ton arrivée les choses étaient ainsi, et que ni toi, ni moi n’y pouvons rien changer maintenant… C’est Josephte qui tient entre ses mains son avenir. Et au fond, malgré sa sensibilité, elle a une petite tête froide très décidée. Elle reprend vite son aplomb, au moral comme au physique. Je ne crois pas