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duquel il était assis le petit bristol qui le conviait dans huit jours dans le salon de Josephte. La deuxième lettre piquait beaucoup sa curiosité. L’ayant ouverte, il courut à la signature et y lut le nom de Mathilde Précourt. Il voulut la parcourir à loisir et alla, à cet effet, mettre le verrou à sa porte :


« Mon cher enfant,

Tu reçois en même temps que ce mot une invitation pour notre soirée du trente novembre prochain. Il faut y venir, Michel. J’ai bien réfléchi avant de te donner presque ce commandement. Vois-tu, il faut prendre le monde tel qu’il est, et faire quelque concession. Nos sentiments intimes doivent se recouvrir d’une sorte d’impénétrabilité. Trop d’yeux curieux guettent les manifestations des cœurs sincères pour en faire la pâture de conversations oiseuses quand elles ne sont pas, malignes. L’émoi de Josephte à ta vue a eu trop de témoins. J’entends déjà des échos de cette scène pénible qui a eu lieu dans la bibliothèque des Paulet. On glose sur le passé, on cherche à comprendre le pourquoi de ton attitude… Il faut couper court, pour la bonne réputation de Josephte, à ces commentaires qui peuvent devenir désobligeants pour tout le monde. « Tu es un petit clerc sans fortune, un inconnu » me réponds-tu, sans doute encore, comme tu l’as fait durant ta visite chez moi. Non, Michel. Tu es autre chose que cela. Ta distinction morale et physique,