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— Est-ce ton cœur qui parle, Josephte ?

— Il est blessé à mort mon cœur.

— À ton âge ? Tu vas à l’extrême. Le soleil n’a qu’à paraître.

— Tu as été aimée fidèlement, uniquement, cousine. Tu n’as jamais connu le chagrin de l’abandon.

— Tu seras aimée, toi aussi. Tu l’es déjà.

— Par Jules Paulet ? Il m’est indifférent. Tous, maintenant, me sont indifférents.

— Tous ? Sois franche, petite. Ton amertume ne trompe que toi. Si tu souffres ainsi, c’est parce qu’un sentiment…

— Je t’en prie, cousine.

— Permets qu’en cet instant où tu es bouleversée par la nouvelle du retour de Michel, je mette le doigt sur la plaie. Aussi bien, il faudra adopter une attitude. Nous rencontrerons sans cesse Michel sur notre chemin. Montréal n’est pas une très grande ville.

— Je l’éviterai.

— Pas du tout, au contraire. Tu te trahirais ainsi, au grand contentement de certaines personnes. Tu sais que les mondains sont friands de ces petits faits.

— Que faire ?

— Te réfugier dans un autre amour, peut-être ? fit lentement Mathilde en regardant avec attention Josephte. Elle la vit tressaillir… Si l’amour de Michel n’est plus possible, je connais plusieurs jeunes gens qui ne deman-