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Et me voici à la dernière partie de mon aventure. Elle est toute récente… Nous sommes rentrées à la ville à la fin de septembre. Rappelle-toi combien le temps s’est mis au frais à cette époque. Quel vent, quelle pluie continuels ! Les arbres s’en sont trouvés si bien secoués que leurs feuilles ont jonché le sol plus tôt qu’à l’ordinaire. Tu connais mon goût pour les promenades dans la montagne, alors que nous enfonçons à chaque pas dans le moelleux tapis des feuilles multicolores. Leur bruissement m’enchante, c’est un gémissement ininterrompu et bruyant qui nous isole de toute autre voix de la nature… Or, il arriva qu’un dimanche après-midi, au commencement d’octobre, je me promenais avec Blanchette dans un sentier du Mont-Royal. J’allais le nez au vent, suivant mon habitude… Mal m’en prit, je me heurtai soudain contre une roche cachée sous les feuilles… Le pied me tourna et je tombai rudement… Impossible de me relever, même avec l’aide de Blanchette. Dans quel embarras ne nous trouvions-nous pas, toutes deux ! Nous regardions de tous côtés. Rien, ni personne ne semblait venir aux alentours. Bientôt, les yeux de Blanchette s’agrandirent. Un peu d’effroi y parut. « Que faire ! que faire ! gémissait-elle ! Ah ! nous