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— Quelle amertume ! Allons, viens avec moi dans ma chambre. J’ai reçu, un peu avant le souper, cette robe de mousseline qui te plaisait tant. Tu l’essaieras devant moi.

— Pas ce soir, oh ! non, pas ce soir, j’ai trop de chagrin. Hélène, je t’en prie, laisse le pauvre Michel à ses études et à son obscurité… Si tu voyais comme il y a de la tristesse au fond de ces pauvres yeux… Il adore Josephte, je suis sûre… Il ne nous aimera jamais ni l’une, ni l’autre. Ça m’est égal, moi, du moment qu’il ne sera pas trop malheureux… Et toi, qui ne l’aimes pas du tout, pourquoi l’entraîner dans un monde où il souffrira peut-être ? Hélène, Hélène, aie pitié !

— Mais tu fais une tragédie avec rien du tout, ma colombe. Allons, retirons-nous chacune dans notre chambre, puisque nous ne nous entendons pas ce soir.

— Alors, tu ne renonces pas à tes projets ? Je ne te comprends pas bien, ma sœur ?

— Tu sais bien que je suis entêtée.

— Moi aussi, parfois.

— Alors risquons la partie. Le plus malheureux ce ne sera pas Michel. Bientôt trois femmes en raffoleront. Bonsoir, Blanchette.

— Bonsoir, Hélène. Hélas ! je réprouve ta