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lencieusement… Il pleura jusqu’à ce que le sommeil vînt le prendre, un sommeil bienfaisant, profond, dont il sortit plusieurs heures plus tard, l’esprit vaillant, mais le front grave, bien grave. Les lèvres rieuses de Jean connaîtraient-elles désormais le pli de la gaieté ? La mélancolie les marquait de sa douloureuse empreinte.

Sept mois se passèrent. N’eût été la déchirante certitude que des êtres chers souffraient à cause de lui, Jean n’aurait pu se déclarer trop malheureux. Il s’était mis sérieusement à l’étude. Chacun des livres choisis par les gnomes l’intéressait et nourrissait son esprit. Il y joignit la réflexion et même, lorsque l’impression avait été forte, il crayonnait quelques notes en marge de l’ouvrage, habituant sa pensée à une intelligente louange ou à une courtoise contradiction. Ne développait-il pas en lui le sens critique nécessaire ? Ce qui l’étonnait, c’était de prendre surtout plaisir aux livres traitant de la politique, de l’art de gouverner les hommes. Parmi les rois qu’on lui citait en exemple, Jean, cependant, ne se plaisait qu’avec ceux qu’il voyait maîtres d’eux-mêmes. Sensément, il reconnaissait que l’aptitude à savoir réprimer chez soi tout élan dangereux, néfaste, ou puéril, était la première, l’indispensable condition pour diriger sûrement les autres. Les souverains qui, pour en