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l’âme… Pour lui épargner une seule larme, un soupir, il aurait passé sans hésiter par le fer et par le feu… Ah ! qu’était cela ?… qu’était cela ?… Jean fermait les yeux, puis les rouvrait aussitôt, impuissant à fuir l’attrait de la douce figure d’Aube. Que c’était là à la fois une torture et un délice !

Le silence régnait dans la salle. Soudain le miroir se brouilla. Tout disparut. Le cœur de Jean se serra. « Petite princesse Aube, souffla-t-il tout bas, je ne serai heureux maintenant que si je te revois. »

La voix de l’interprète le tira vite de son abattement. Avec un frisson terrible de tout son être, Jean entendit ces mots : « Nous sommes dans la maison d’un des bûcherons de la forêt… »

Il se trouva debout. Oppressé, les yeux agrandis, il voyait là, devant lui, son père, sa mère, son frère chéri, Blaise dont la vue faisait mal à voir. Émacié, décharné, il se tenait assis, sa tête pâle soulevée sur ses oreillers afin de respirer un peu. Douloureusement, il tenait à la main, regardait et baisait une petite gravure que Jean reconnut aussitôt. N’était-ce pas le dernier cadeau qu’il avait fait à son frère ?

Comme tout semblait pauvre et misérable autour de ses parents ! La maison était vide de meubles ; les bûches près de la cheminée étaient rares. Sur la table, il n’y avait plus comme jadis d’humbles et odorantes fleurs de la forêt, ou quelque fruit appétissant.

Mais pourquoi ?… Pourquoi ?

Et l’interprète dit tristement : « Ceux-ci sont encore des victimes de la fée Envie ! N’a-t-elle pas appris qu’un des bûcherons de la forêt avait fidèlement caché et ravi à tous les regards durant neuf ans sa montre enchantée ? Aussi s’applique-t-elle impitoyablement à faire