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me, un des officiers du roi. Les lumières s’éteignirent. Le large rideau à droite du roi, s’écarta avec bruit. Et Jean fut amené devant l’impitoyable objet. Il frissonna. Il se rappelait son écrasant pouvoir de vision. Ah ! que lui réservait-on encore ? Et qu’elle était lucide et sans merci, la justice des gnomes !… Il se sentait, cependant, moins affaissé. Ses maîtres vivraient, et on avait parlé d’expiation. Qu’il la souhaitait !… Des larmes coulaient lentement le long de ses joues…

Le miroir s’illumina. On aperçut un petit salon aménagé avec un luxe royal. Quatre personnes, aux attitudes diverses, s’y trouvaient réunis.

« L’interprète ! » clama l’officier du roi.

« — Me voici, me voici, seigneur », répondit une voix barytonnante, aux riches inflexions. Un gnome, vêtu de velours violet, s’inclinait déjà devant le roi, puis, rapidement, grimpait sur l’estrade à droite de Jean.

Il regarda quelques instants les personnages du miroir. Oui, il voyait là un roi, morne, douloureux, qui cachait sa pauvre figure dans ses mains tremblantes ; une reine, à la bouche tordue par l’envie et dont la main impérieuse, chargée de bagues donnait un ordre ; un seigneur dont l’insolent et faux regard se posait avec insistance sur une ravissante petite princesse blonde, agenouillée, qui pleurait et invoquait du secours, ses petites mains frémissantes accrochées au bras du roi.

Et déjà Jean comprenait. N’avait-il pas devant lui son ennemi triomphant, le lâche et impertinent seigneur de la forêt ? Le cœur du jeune bûcheron battait à grands coups ; l’humiliation, la rage, le désespoir brûlait de nouveau son être.

L’interprète parla. Son accent apportait