Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de douleur. Il voulut s’élancer. Ses liens faillirent se rompre. « Sire, sire, gémit-il, en retombant, impuissant, pas eux, mes maîtres bien-aimés, pas eux, n’ont-ils jamais fait autre chose que du bien ! » Son cri se perdit dans le brouhaha qui régnait dans la salle. Des gnomes, par centaines, envahissaient la pièce.


CHAPITRE VI

LA JUSTICE DES GNOMES


La foule minuscule des gnomes entrait sans bruit et se rangeait avec prestesse. Bientôt, chaque coin du long souterrain, la moindre anfractuosité de rochers furent garnis de petites têtes remuantes et blanches. Un bruit grandissant de crécelles remplit l’air.

Le roi entra. En moins d’un instant, le silence régna, suprême, émouvant, chargé de mystère. Un gnome vêtu de noir, coiffé d’un bonnet de même couleur, portant lunettes, lent, majestueux, serviette en main, parut. Il vint s’incliner devant le roi. Dépliant un parchemin orné d’un large ruban noir, il lut à voix haute l’acte d’accusation porté contre les douze professeurs de Jean. De la culpabilité de Jean lui-même, pas un mot, pas une allusion. Puis, le gnome roula le parchemin avec solennité et se mit à parler. Son accent devint coupant et net. Il fut tour à tour railleur, cruel, rude, fumant de colère. Aux plaisanteries et aux sarcasmes succédèrent les reproches et les